Représentations passées
2005-2006
Les femmes savantes
de Molière
Mise en scène par Mario Longtin
Arts Project: les 9, 10, 11 et 22 mars 2006
Mot du metteur en scène
Il est une pièce de Molière qui hante mon imaginaire depuis mon adolescence, une pièce dans laquelle des personnages s’extasient devant les « perfectïons » d’un poème médiocre lu par son auteur, homme tout aussi médiocre dont la « prétentïon » est sans égal. Cette scène est d’une drôlerie rarement égalée au théâtre. Elle renvoie le spectateur à son propre pédantisme, à ses moments de snobisme, et lui fait prendre conscience de son ridicule et de sa fatuité. Je demeure convaincu de la modernité du propos de Molière dans cette pièce, et je tenais à offrir une version ludique et dénudée d’artifices, une version sans compromis qui laisse toute la place au plaisir du jeu. Je me suis même permis d’offrir à un homme le personnage de Bélise, cette femme dont la grande chimère est de croire que tous les hommes l’aiment en silence et brûlent de lui déclarer leur « flamme ». J’ai transposé la scène dans les salons philosophiques parisiens, ceux que fréquentèrent les Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, et tant d’autres. Afin d’évoquer la passion de chacun des personnages et la tension palpable qui caractérise leurs relations, j’ai choisi le tango argentin comme univers sonore. Les livres jonchent le sol et forment des piles, servant de décor et de mobilier. « Jeter de la poudre aux yeux » dit-on à propos de quelqu’un qui essaie d’impressionner son auditoire, ainsi le talc dont les pédants s’enduisent le visage sur scène est-il symbolique de leur désir de paraître. Il ne me reste qu’à vous souhaiter un bon spectacle en notre compagnie. Je vous laisse sur les mots de Bélise au comble de l’excitation : « Je sens d’aise mon cœur tressaillir par avance, j’aime la poésie avec entêtement et surtout quand les vers sont tournés galamment ». Souhaitons que cette excitation soit « contagïeuse » !